« Les rizières ont été sauvées de justesse, c’est ce que l’on peut dire. Pourtant, on s’est préparé au pire. A la même période en 2021, les rizières étaient totalement au sec que le « Vary aloha » a été catastrophique », selon le possesseur d’une parcelle sise à Fenoarivo. Il s’avère que la culture de riz dans ces localités dépend grandement du niveau de l’eau dans les rivières d’Ikopa et de Sisaony, ainsi que de la bonne irrigation des rizières.
Il est à noter que la riziculture de première saison ou « Vary aloha » peut encore s’effectuer même en début de janvier et le repiquage peut aussi se faire en mi-février à condition que la pluie soit abondante. Actuellement, il n’y a pas encore lieu de s’inquiéter.
A Madagascar, la dernière production nationale recensée lors de la saison rizicole 2021-2022 a été de 4,8 millions de tonnes de paddy, si le besoin en consommation locale annoncée par le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage (MINAE) est de 6 millions de tonnes/an.
Le riz de première saison est le démarrage de toutes les activités rizicoles de l’année. En effet, les bénéfices engrangés durant cette période permettent de préparer au mieux la grande récolte à venir. « Le " Vary aloha " est très important pour nous. Cela représente un gain de plus pour les cultivateurs qui viennent de traverser une période de soudure très maigre et de renflouer un peu les caisses. Presque la totalité des bénéfices serviront à couvrir les dépenses lors des fêtes de fin d’année. Ils vont aussi servir pour le paiement des dettes contractées pour l’achat des fournitures scolaires durant la rentrée », selon un riziculteur.
Actuellement, quelques habitants près de la plaine d’Antananarivo ne pratiquent plus ce type de récolte et se tourne de plus en plus vers la fabrication de briques, notamment du côté d’Ambohitrimanjaka. Cette activité ne nécessite pas beaucoup de temps et n’est pas soumise aux caprices du temps. Il y a aussi une forte demande en briques en raison des constructions de nouvelles maisons toujours aussi galopantes dans la Capitale et ses alentours.
« On préfère fabriquer des briques, car depuis longtemps notre parcelle n’a plus été irriguée correctement, ce qui a entraîné des pertes successives. La pluie est toujours en retard. En outre, par rapport à la riziculture, c’est de l’argent facile et ce ne sont pas les clients qui manquent », a affirmé l’un des habitants de cette Commune.
Cependant, une rizière utilisée pour la briqueterie perd peu à peu l’argile qui assure la fertilité du sol. Et lors des inondations, les fossés laissés par les exploitants se retrouvent comblés par le sable et les boues ferreuses sont drainées par les rivières en crue. Ce champ sera ainsi devenu irrémédiablement inutilisable si l’on décide de cultiver à nouveau du riz.
Nikki Razaf